(last)

C’est ce que j’écrivais dans mes sms lorsque je n’avais plus de crédit pour en envoyer d’autres ensuite. Maintenant j’ai retrouvé ces bons vieux forfaits « illimités-tant-qu’on-paye ».

Je n’avais pas très envie d’écrire un dernier message, mais ça se fait, je trouve, de « fermer » le blog – même si c’est un peu triste. C’est probablement pour ça que je le fais aussi tard. Pas tant que ça, néanmoins : mes valises ne sont pas encore vraiment vidées et la moitié du bazar que j’ai ramené du Burkina traîne encore dans le salon. Donc je suis encore bien en « transition » !

A propos de bazar burkinabè, j’ai eu quelques soucis à l’aéroport. Arrivé à Ouaga avec une valise, je repartais avec deux, ce qui aurait pu passer si d’une part elles ne dépassaient pas toutes les deux le poids qui leur était imparti (24 kg) et si je n’avais pas aussi deux bagages à main, faisant le double de poids autorisé pour leur catégorie (information que je n’ai eue qu’à l’embarquement malgré mes efforts pour les avoir… avant). Un bakchich de 30€ m’aurait permis de tout faire passer, mais outre l’importance de la somme, je n’ai pas réussi à tirer le moindre kopec au distributeur de l’aéroport (alors que quelques heures plus tard, j’obtenais sans problème 10 dinars libyens à Tripoli…). J’ai donc laissé une grosse poterie à un ami à l’aéroport. Je me consolerai en me disant qu’elle n’était pas si belle que ça, particulièrement encombrante, et que Kathrin l’avait déjà un peu cassée.

Le retour en France s’est bien passé, hormis dix jours un peu malade ou juste un peu pas bien – probablement juste le choc thermique, mais on craint toujours encore un peu le palu & compagnie. Heureusement, en contrepartie, le comité d’accueil était à la hauteur – merci beaucoup à Yasmina pour l’organisation de ces grandes retrouvailles avec tout le monde ! C’était une très bonne première soirée en France.

Aussi pu retrouver toute cette bonne nourriture qui me manquait – même si on s’y réhabitue bien trop vite à mon goût ! Mais je tâcherai de ne jamais oublié le manque de fromage et de saucisson et de les savourer à chaque fois comme si je rentrais d’Afrique !

Les Burkinabè m’avaient plusieurs fois demandé qu’est-ce qui était le plus difficile, en arrivant en Afrique pour la première fois. Ils disaient souvent « la chaleur, hein ? ». Non, ce n’était pas la chaleur, même si avec l’humidité, c’était un brin étouffant début octobre. Plutôt les relations avec les gens, les interactions sociales (au sens large, c’est-à-dire aussi avec les commerçants, l’administration, etc.). Se repérer dans Ouaga : trouver les choses, comprendre comment ça marche. C’est un peu vague, mais c’était pourtant ça, le plus difficile, pas la chaleur, la nourriture ou autre chose.

Qu’est-ce qui est le plus difficile en rentrant ? Le froid ? Peut-être. Plus le manque de lumière encore, en fait. Mais j’aime bien quand il pleut. Alors les gens, aussi ? Je ne sais pas. Les gens, les cours, les gens des cours, le VIIe arrondissement de Paris, peut-être. Principalement ça en fait. Le RER, les temps de transport interminables ? Non, ça viendra bientôt, mais ce n’est pas le pire au début – ça viendra très bientôt ! Le rhume, la circulation, les Parisiens, mon « travail » ici comparé à celui de là-bas ? Un mélange d’un peu tout probablement.

J’ai l’impression qu’on passe notre temps à analyser différents facteurs alors que tout est une histoire de « mélange de tout ». Et tout ce qui me vient à l’esprit est cette blague universelle (qui dépend juste du ton qu’on prend, mais qu’on peut employer pour des gens, des choses, des situations) : « c’est… différent ».

Pour finir en image, vous pourrez voir encore quelques photos burkinabè sur http://picasaweb.google.com/qstoeffler2 : juste une petite sélection de photos du Mali et du Burkina, la plupart ayant été publiées de façon éparse sur le blog cependant.

Un dernier merci à mes lecteurs et commentateurs, et surtout à tous ceux qui ont peuplé mon Burkina – même si ironiquement, la plupart n’ont pas l’adresse de ce blog – puisque je ne la leur ai pas donnée peut-être pour conserver une plus grande liberté de ton ? ou simplement par pudeur. Et rendez-vous dans quelques mois, quelques années ou quelques décennies pour mon blog « Quentin de retour au Burkina », n’est-ce pas ?

Tout ce que j’aurais voulu bloguer

Lorsqu’on quitte n’importe quel endroit, il y a toujours des choses qu’on aurait vraiment voulu faire, et puis on n’a pas eu le temps. Ce qui est bien : ça fait une bonne excuse pour revenir ! Ainsi, j’aurais vraiment voulu aller à Bobo voir la ville, à Banfora pour les cascades et le reste, etc. Je laisse donc ça pour mon prochain voyage au Burkina !

Pour le blog, c’est pareil. Plein de choses que je notais quelque part pour vous en parler un jour… et puis voici le départ et l’occasion (ou le temps) a manqué.

Alors voici un peu d’en-vrac qui correspond assez bien à mes journées de départ où je fais toujours en un jour tout ce que j’aurais du faire en plusieurs semaines.

 

Babyfoot

Il y a plein de babyfoot en assez mauvais état à Nouna, et dans les villages aussi. Pour 10 ou 25 francs (donc à peu près rien) on peut faire une partie de 10 balles (un peu moins ou un peu plus parfois). Celles que j’ai faites avec Anatole se sont toujours terminées en match nul ! Assez étonnamment… On a aussi joué contre les gens d’un village une fois, c’était Nouna (Anatole et moi) vs Toni (deux personnes de ce village). Toni a gagné pratiquement toutes les parties, mais on a quand même fini par sauver l’honneur de Nouna…

 

Histoires d’Ibrahim

Ibrahim est un rasta de Nouna qui a pas mal voyagé au Mali et en Europe. Je lui ai acheté un bogolan une fois, une de ces couvertures en coton teintes avec des produits traditionnels. Cela vient du Mali, d’un village dogon où je suis allé d’ailleurs, et où Ibrahim a étudié cet art. Outre les bogolans, c’est aussi un grand raconteur d’histoires et de légendes, que nous avions écoutées une fois au clair de lune avec Estelle et Stéphane, mes collocs en novembre-décembre. Issu d’une famille noble, il connaissait pas mal des nombreuses coutumes et interdits, qui se perdaient plus ou moins (pas tout à fait, loin de là). Des légendes parlaient de la fondation de Nouna et du sacrifice d’un homme pour que la ville soit assurée d’avoir toujours de l’eau. Une autre parlait d’un grand guerrier qui volait des enfants, et de la manière dont son ancêtre (à Ibrahim) l’avait vaincu. Depuis, les gens de sa famille (ou de tout Nouna ?) n’ont pas le droit de se marier avec les gens de ce village-ci. S’ils essayaient de le faire, ils mourraient instantanément.

 

Hymne national

Le véritable hymne national burkinabè est assez violent – comparable à la Marseillaises de ce point de vue ! Il date de Sankara, et comporte le devise du pays : « la patrie ou la mort ». Je l’avais entendu pour la première (et seule ?) fois dans un match de foot à Ouaga. Mais ce n’est pas à lui que je pensais, tout de suite, c’est à… Cécile Dion. Je ne l’ai jamais autant entendue depuis que je suis au Burkina ! Surtout « Pour que tu m’aimes encore » (j’ai cherché ton cœur, si tu l’emportes ailleurs blablabla). Lors de sa sortie, il paraît qu’elle passait absolument tout le temps – en France aussi, mais cela s’est arrêté en France, pas ici ! A tel point que certains l’avaient baptisé « hymne national » ! Une amie m’avait parlé d’un délégué de classe qui l’écrivait au tableau chaque matin ! Alalala…

 

Cicatrices

De nombreux burkinabè (et pas du tout juste ceux des villages reculés, mais aussi des jeunes urbains, des élites, etc.) ont des cicatrices sur le visage (des scarifications on dit ? des cicatrices décoratives en tout cas). Bien que je n’aime pas trop l’idée de se faire mal et de s’ouvrir ainsi la peau pour des raisons esthétiques, je dois avouer que je trouve cela assez beau et impressionnant. Les Bwaba peuvent en avoir une quantité impressionnante, les Mossi aussi, mais souvent les jeunes n’en ont qu’une seule, sur une des deux joues. A l’origine, cela racontait plein de choses : on pouvait savoir qui tu étais, d’où tu venais. Maintenant c’est plus décoratif. Cela peut aussi avoir un usage médical : de toutes petites cicatrices qui se voient à peine sous les yeux, que l’on fait petit et dans lesquelles on injecte un produit donné, préviendrait très efficacement des crises de palu grave. C’est de la médecine traditionnelle…

 

J’ai failli…

… des tas de trucs ! Notamment j’ai failli mourir au bord de la piscine juste derrière chez moi. Comment est-ce possible, vous demandez-vous ? C’était probablement en octobre ou novembre (peut-être décembre, je sais plus), j’écrivais tranquillement une lettre au bord de l’eau sous les palmiers, quand soudain, une grosse noix de coco s’écrase à un mètre de moi ! Le personnel de la piscine a qualifié ça « d’attentat manqué ». J’ai écrit la fin de ma lettre… un peu plus loin !

 

« Zain, un monde merveilleux »

C’est tout simplement le slogan (qui m’a fait longtemps mourir de rire) de la société de téléphone la plus chère, celle que j’avais utilisée, pensant peu téléphoner de toute façon et espérant avoir du réseau partout même dans les villages. En fait, de ce point de vue, Telmob était mieux (tout le monde avait d’ailleurs ça à Nouna). La troisième c’est Telecel : entre Celtel, Telecel, Telmob, pas super évident de s’y retrouver au début. Bref, Zain avait racheté Celtel – prêtant à confusion à chaque fois que je demandais du crédit « Zain », d’autant que je n’ai jamais su avec certitude comment le prononcer – et faisait une campagne du pub immense à Ouaga, avec des affiches qui faisaient vraiment pub occidentales et assez anachroniques en plein Ouaga. Leurs couleurs étaient aussi super fashion, leurs boutiques high-tech. Les affiches en question : des filles éclatant de rire avec le slogan « Ton monde, tes fou-rires ». Un cadre heureux sautant dans les airs avec comme message : « Ton monde, tes réussites ». Je ne sais plus quelle image avec « Ton monde, tes amis ». Pour le coup, je n’ai pas été victime de la pub, plutôt de mon guide qui disait que c’était la meilleure compagnie. Mais bon, c’était cher, mais en gros ça marchait quand même. Et puis Orange, ce n’est pas un monde beaucoup plus merveilleux, n’est-ce pas ?

 

Arthur

Arthur est l’autre stagiaire de l’IRD (l’autre… après Sydney bien sûr !), étudiant en socio et en économie ; et lui aussi me fait mourir de rire – mais pas par dérision comme Zain, juste parce qu’il est très drôle. Il ne parle que par métaphore (souvent filée) humoristique. Il qualifiait les pains au chocolat que j’ai amenés une fois au bureau d’APD (aide publique au développement). Il décrivait avec beaucoup d’esprit les négociations avec un policier pour ne pas payer une amende (mais juste un « geste » pour remercier le policier… en gros payer deux fois moins mais ça finit dans la poche du flic et pas dans celles de l’Etat). Il désespérait d’être un Tanguy, obligé de rester habiter chez lui – alors qu’il aimerait bien partir, mais comme c’est le grand frère, que les autres sont ses petites sœurs et sa mère, que son père est décédé… il doit rester à la maison. Il peint assez bien son combat contre les maths, venant de la socio vers l’éco, et je me suis beaucoup retrouvé là-dedans ! (« pareil », si vous vous souvenez…). J’ai beaucoup aimé aussi ses pseudo-négociations avec ma chef où il demandait une augmentation de salaire pour faire face à la vie chère (réelle par ailleurs). Son histoire de « tête à queue sentimental » et donc de « convalescence amoureuse » m’a aussi fait mourir de rire.

 

Pubs contre le VIH

Il y en a pas mal, notamment à Ouaga, mais aussi dans les « zones à risque », là où beaucoup d’hommes se rendent de façon temporaire pour une raison économique : zones de pêche pendant une période de l’année, mines d’or, construction de routes, etc. A Ouaga, elles sont assez bien faites, j’aurais voulu en uploader deux (mais ne les ai pas sur moi). La première est « Cette fille a l’air clean, je ne me protège pas » avec un grand « FAUX » écrit (et un peu comme un truc barré avec le signe du VIH, l’écharpe rouge en forme de poisson un peu). L’autre, c’est « Tu me proposes le préservatif, tu ne me fais pas confiance », avec le même « FAUX ». Cela n’a peut-être rien à voir, mais le taux de séroprévalence est assez faible au Burkina comparé à d’autres pays, et j’ai souvent vu les gens acheter des préservatifs – on en vend partout, on trouve souvent les boites vides qui trainent dans la rue, etc. Mais je ne suis pas spécialiste du VIH au Burkina loin de là, comme d’habitude, je vous fais part de ma petite expérience.

 

Cousinage à plaisanterie

Je crois n’en avoir jamais parlé, et c’est assez important pourtant. Ce sont déjà juste des blagues entre les différentes ethnies, un peu comme en France on se moquerait des Normands peu expressifs et toujours dans le « pt’être bin qu’oui, pt’être bin qu’non », ou les Corses, ou les Marseillais, etc. Sauf que là, c’est davantage entre deux ethnies en particulier. Par exemple, Anatole, étant Dafing, se moquait systématiquement des Bwabas (Bobo) sur le fait qu’ils étaient casaniers, un peu taciturnes, peu éveillés, et passaient leur temps à boire du dolo ; ils sont réputés pour, sauf le dolo où je crois que c’était Anatole qui avait inventé ça. Il pouvait en effet se moquer d’eux pour tout et rien ; en revanche, dans un village Mossi, il ne pouvait pas. Une fois il a dit « si ça avait été un bwaba, je me serais moqué de lui ! ». On lui répondait parfois qu’il parlait autant qu’un perroquet, que c’était un aventurier, clichés qui concernent les Dafings. Ces plaisanteries sont assez bien prises en général – la plus fréquente est de dire que l’autre ethnie sont les esclaves de la votre, ce qui renvoie à une réalité historique un peu glauque parfois, mais souvent à rien du tout : les Peuls peuvent dire ça aux Bobos et les Bobos peuvent leur répliquer la même chose. Une fois, à la piscine, Thierno qui est Peul (poular) avait plaisanté des filles bobo sur le fait que ce sont des mangeuses de chenille (les Bobos sont réputés pour ça), et d’autres choses ; elles lui avaient dit d’aller chercher ses bœufs qu’il avait garés à l’entrée de la piscine, et d’autres blagues sur les Peuls. Parfois cependant, ça peut aller un peu plus loin : aux mariages, on peut… enlever la mariée, et ne la rendre que pour de l’argent ! Pire : aux enterrements, on enlève le cadavre, ou alors quelqu’un se met dans le cercueil à la place. Il faut encore une fois payer pour débloquer la situation. Il paraît que ça renvoie à la fois à des tensions / dominations encore existantes entre les ethnies, et que ça canalise celles-ci. Pour ce que j’ai observé – c’est-à-dire des choses beaucoup plus bénines que ces histoires de mariage ou d’enterrement – ce sont surtout des plaisanteries. NB : l’ethnie n’est pas du tout quelque chose de tabou au Burkina ; on dit son ethnie à la première occasion, que ça soit entre Burkinabè ou aux Européens… notamment pour ces plaisanteries ! Le mariage entre ethnies différentes m’avait semblé fonctionner sans aucun problème aussi ; j’ai découvert après qu’entre certaines d’entre elles cela pouvait poser des problèmes. Si j’ai bien compris, traditionnellement les Peuls et les Mossis (l’ethnie dominante au Burkina, avec laquelle toutes les autres ont une relation un peu bizarre ou tendue) ne se marient pas. De mon côté, probablement par hasard, mes trois meilleurs amis ici (Anatole, Louis et Sydney) étaient des Dafings. Et si la femme de Sydney l’est aussi, celle d’Anatole et la copine de Louis sont des Mossis… et ce sont des femmes avec beaucoup de personnalité !

 

La Vie Passionnante de mes Lunettes

Mes lunettes de soleil ont eu une vie burkinabè passionnante. Perdues dans une rizière marécageuse, elles ont été retrouvées par les agriculteurs, qui l’ont remise à l’enquêteur du Centre de recherche chargé de ce village, qui me les a rapportées à Nouna. Au bord du Mouhoun, elles sont tout simplement tombées dans l’eau alors que j’enlevais ma casquette – et n’ont pu être récupérées que grâce à ma grande adresse dans le maniement de la branche morte. De nouveau perdues, je les ai cherchées pendant une semaine dans tout Nouna, pour finalement les retrouver… dans le bureau de la secrétaire ! Elles avaient aussi disparu récemment et j’étais certain de les avoir fait tomber en ouvrant la portière de la voiture à un péage. En fait elles attendaient tranquillement dans leur étui. Et de nombreuses autres aventures encore… NB : ce n’est pas vraiment du soleil qu’elles me protégeaient, mais de la poussière, en mob. Du coup, j’avais un peu envie de les porter la nuit aussi, mais ce n’était pas super prudent : on ne voyait rien avec, du coup.

 

Et je m’arrête ici pour pouvoir poster ça avant de prendre mon avion. Dernier post « au Burkina ». Merci à tous pour votre lecture attentive et dynamique, c’était un vrai plaisir de partager tout cela avec vous.

Et pour ceux qui ont tout lu (comment ça, il n’y en a pas ? :-p) : ne vous inquiétez pas, malgré ce dernier post, il me reste des millions de choses que je n’ai pas eues l’occasion de raconter ici. Je vous vois déjà trembler : vous croyiez vraiment que je n’allais pas parler du Burkina et des Burkinabè pendant des mois encore ? Naïfs que vous êtes…

Dernier Ouaga

Les derniers jours à Nouna ont été un peu de la folie. Il y avait plein de choses à faire pour le travail, ou bien administratives, et le déménagement, et dire au revoir à tout le monde, faire les dernières diverses choses que j’avais à faire avant de partir… Pas eu une seconde pour m’ennuyer ou être nostalgique ! Et c’est tant mieux.

Les derniers jours à Ouaga ont commencé un peu de la même manière – notamment mon arrivée avec mon sac à dos, deux grosses valises et une p50, tout ça ayant pris la mobylette, puis le bus, puis le taxi, puis la mobylette (je vous passe les détails logistiques à ce sujet mais c’était un brin compliqué croyez moi). J’ai ensuite passé le week-end avec Alix et Kathrin qui étaient passées me dire au revoir et surtout manger dans le plus de bons restaurants possible : chinois à emporter en très grande quantité, foutou banane au café ONU, carbonara et pizza au Verdoyant, petit déj’ chawarma Chez Simon… ce qui fait beaucoup en moins de 48h, et a demandé pas mal d’organisation et une exploitation de chaque repas possible ; je les ai évidemment accompagnées dans chacun de ces lieux de gastronomie.

Nous avons malgré tout trouvé le temps d’aller nous promener au Bois, enfin au parc de Ouaga, avec Sydney. Cela faisait un moment qu’il me disait qu’il fallait qu’il m’y amène parce que c’est « très intéressant » – prononcé avec un visage très sérieux. J’ai beaucoup aimé cet endroit : c’est grand, c’est vert, on oublie complètement qu’on est à Ouaga. On peut se balader à l’ombre, il y a de grands arbres avec des lianes, de l’eau, des crocodiles, plein d’écureuils. Nous avons aussi visité la ménagerie – visite obligatoirement guidée, mais pas chère du tout pour les gens, seulement pour… l’appareil photo ! Rentable néanmoins pour ce dernier aspect. Vous pourrez ainsi apprécier les diverses espèces d’animaux, notamment les singes nourris au fanta, dès que je pourrai mettre des photos (problèmes de connexion, je ne suis pas sur mon ordi, etc. etc.).

On a aussi « trouvé le temps » de nous faire expulser d’une piscine avec Alix, pendant que Kathrin passait du temps avec son ami Kalbi. Bon, c’est moins glorieux que ça peut en avoir l’air : en fait, nous étions allés à la piscine de l’hôtel Indépendance qui est grande et belle mais était fermée au nouvel an pour rénovation. Le gardien nous a laissé entrés, on est allé se changer, puis avons plongé dans cette eau super bonne. Au bout de 5 minutes, le maître nageur vient nous demander si on est de l’hôtel, « non », bien sûr, « ah, vous devez sortir alors ». Normalement pour les personnes extérieures à l’hôtel il s’agit juste de payer un prix d’entrée pour accéder à la piscine ; mais là comme la rénovation n’est pas terminée, ce n’est pas possible. Très logique n’est-ce pas d’expulser des gens qui sont déjà dans l’eau et de refuser l’argent qu’ils sont prêts à donner, pour… pour quelle raison déjà ? Des travaux à 10m de la piscine, qui n’empêchent absolument pas les gens de l’hôtel de se baigner en effet, eux ? Peu importe, voyons les choses du bon côté : on a eu 5 minutes de baignade dans un super piscine… à l’œil !

Maintenant qu’elles sont reparties, que Sydney est occupé parce que ce n’est plus le week-end, qu’Arthur est en cours, que Seth vit sa vie comme d’habitude, que je pars dans 36h… c’est un peu calme. J’ai plein de choses à faire pour m’occuper, ne serait-ce que concernant mes bagages (j’avais laissé des choses à Ouaga… et n’ai absolument plus de place dans mes valises pour les mettre ! bien qu’ayant déjà abandonné pas mal de choses à Anatole en partant de Nouna…).

Il faut aussi que j’aille récupérer ma p50 que les flics ont embarquée. Le feu arrière ne marchait pas (et comme c’est derrière, on le voit pas…), et c’est une infraction. C’est un peu à cause d’Alix, que je « remorquais » (= « emmener derrière soi en mob »), qu’on s’est arrêtés d’ailleurs – l’attitude à avoir vis-à-vis des policiers au Burkina étant l’un des débats que nous avons eu plusieurs fois avec elle et Kathrin ; visiblement pour elles il ne faut pas plaisanter avec eux… ce qui ne les empêche pas de zigzaguer en moto sous leur nez et de se faire engueuler ensuite, mais bon ! Bref, ils ont pris la mob, et maintenant ils doivent vérifier que ce n’est pas un véhicule volé, et je dois aller payer l’amende, et tout et tout. Rien eu à faire ; pourtant d’habitude j’arrive toujours à « négocier » ce genre de choses, peut-être que c’est juste quand Alix est là que ça ne marche pas (comme à la piscine). Kathrin, au téléphone, nous a dit qu’il fallait retourner les voir et leur donner de l’argent, mais pour moi c’était hors de question, notamment parce qu’ils s’étaient montrés on ne peu moins compréhensifs et on ne peut plus désagréables (on était à 5 minutes à pied de la maison, je prenais mon vol dans 2 jours, je pouvais leur laisser mon permis, leur montrer les papiers de la moto, etc. etc., rien voulu savoir). Maintenant il faut que je passe à la gendarmerie pour la récupérer. Il y a de fortes chances pour que ça ne marche pas, même ainsi, parce que les originaux des papiers sont à Marseille (à l’IRD en France). D’un côté ce n’est plus trop mon affaire…

Il fait moche à Ouaga. Assez chaud, mais très couvert. A Nouna aussi c’était ainsi ces derniers jours ; c’est à cause de la poussière je crois, avec le vent et la sécheresse, ça fait ça. Avec les bouguinvilliers et tout, ça me fait vraiment penser à un été pas terrible dans le sud de la France. Je n’ai jamais beaucoup aimé cette ville – ni notre maison un peu moche aux lits un peu nuls et au jardin un peu désertique, le tout bourré d’une armée de moustiques jamais lasse et laissant les plus gros boutons du monde. Mais avec ce temps c’est encore pire ! Ce qui n’est plus très grave puisque je la quitte demain soir ; toujours avec ma compagnie libyenne : départ de Ouagadougou à 1h du matin (techniquement mercredi, donc), arrivée à Tripoli à 6h heure locale (4h pour moi/le Burkina/l’heure universelle, 5h pour Paris). Envol pour Paris à 9h (8h en France, 7h au Burkina), arrivée à 11h heure locale (heure de Paris, la seule, la vraie).

D’ici là, c’est-à-dire demain, si tout va bien, un dernier post du Burkina un peu particulier. Et si possible les photos qui devraient aller avec celui d’aujourd’hui !

Edit : j’arrive finalement à envoyer des photos ! Alors pourquoi attendre demain ? Bon, c’est toujours lent et j’ai fin, donc juste quelques unes :

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Une femme peule (une « peulotte »). On les reconnait souvent, dans la région de Nouna, à leur tenue très… décorée, entre les habits colorés assez traditionnels, les bijoux un peu partout… et leur grande taille, leur visage allongé, creusé, leur peau un peu plus claire (mais ils ne sont pas blancs comme les Touareg)… Ce sont censé être des femmse magnifiques, mais comme toujours, ça dépend. Pour ceux qui ne savent pas, les Peuls sont à la base un peuple d’éleveurs nomades qui vivent dans le nord des pays sahéliens, du Sénégal au Burkina, et probablement aussi au delà (Niger, Tchad ?). Dori est une ville peule. Thierno était aussi un Peul du Sénégal (un Poular).

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Louis, au bureau :

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Le départ de Nouna dans le bus jaune scolaire canadien que j’ai pris tant de fois (et qui secoue tellement) ; c’est ma mob en bas, avant qu’elle ne soit montée sur le toit :

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La ménagerie du parc :

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De gauche à droite : Sydney, Alix, le « guide », Kathrin :

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Nouna c’est

Nouna c’est New York, ou plutôt Manhattan, avec des rues toujours toutes droites, perpendiculaires. Impossible de s’y perdre !

 

Nouna c’est Jérusalem, une ville des trois religions : Chrétiens, Musulmans… et Animistes ! Sauf qu’en plus ils s’entendent parfaitement entre eux, se convertissent à peu prés librement, et se respectent totalement. J’avais le plaisir d’habiter et de travailler dans le quartier musulman : je pouvais apprécier l’appel a la prière a tout moment, alors que ce qui réveille mes amis habitant dans le quartier catholique, ce sont… les cloches ! Dans les villages, c’est la même chose, il y a parfois des villages plus catholiques, d’autres plus musulmans (et certains surtout animistes) mais en général il y a les trois religions, et au moins une église et une mosquée.

Nouna c’est Paris, il y avait même ses Champs-Elysées, la rue principale, animée – et éclairée ! – à toute heure.

Nouna, c’est Tombouctou, c’est Vancouver, c’est la ville perdue au bout d’une piste, âpres laquelle il n’y a plus rien. C’est un bout du monde, et des plus charmants.

Nouna, c’est n’importe quelle ville d’Autriche : la mer, les gens ne l’ont jamais vue ; et les seuls étrangers qu’on y trouve, ce sont des Allemands.

C’est Bankoumani, Boron, Dara, Denissa Marka, Denissa Mossi, Goni, Kamadena, Sobon, Toni, tous ces villages où j’ai passé beaucoup de temps. C’est la voie de Goni, la pire du monde, sur laquelle j’ai été tellement secoué. C’est Dara et ses « cadres », ses fonctionnaires, qui permet au village d’être beaucoup plus développé que les autres, d’avoir une bonne route, et de piquer des terres aux autres villages. C’est Boron dont j’ai déjà beaucoup parlé, entre ses autels et son bois sacré.

C’est le boutiquier qui m’accueillait à chaque fois avec le plus grand sourire du monde même lorsqu’ il avait l’air de mauvaise humeur.

C’est les gens de l’Auberge, le maquis principal, toujours hyper désagréables quoiqu’il arrive, et qui ont rarement des verres (on boit a la bouteille donc).

C’est la fille à qui j’achète du crédit pour téléphoner à chaque fois, et qui m’a dit ce soir qu’elle voulait qu’on devienne amis, malheureusement c’est un peu tard !

C’est des tas d’autres commerçants plus ou moins adorables qui, a chaque fois que j’avais été absent 5 ou 6 jours (souvent parce que je voyageais) me lançaient un « a fait deux jours ! » (à traduire par « ça fait un bail », « ça fait longtemps »).

C’est les femmes de ménages du Centre que je voyais tout le temps parce que je reste tard au bureau a bloguer notamment, et qui me faisaient toutes les formules de salutation en dioula ponctuées de rires (encourageants, pas moqueurs) a chacune de mes réponses.

C’est Lamine, un jeune enquêteur de l’IRD, qui était souvent le seul à rester aussi tard que moi (parfois presque minuit) lorsque je m’occupais d’inscriptions a l’université et qu’il essayait de faire son travail de supervision dans les délais impossibles qui lui avaient été accordes.

C’est Ali, un autre enquêteur, gentil mais un peu collant !

C’est Casimir, le gestionnaire absolument adorable et toujours souriant, ainsi que sa secrétaire Valérie, malgré les problèmes d’argent ou de logistique récurrents qu’Anatole et moi leur apportions !

C’était ma p50 (j’ai du mal à croire que c’est toujours la même que celle que j’avais a Ouaga !), que j’adore et que je déteste pour toutes les fois ou elle m’a transporte et toutes les fois ou elle ne m’a pas transporte !

C’est l’hôpital (CMA : Centre Médical avec Antenne chirurgicale) que j’ai fini par bien connaitre, à force ! (à la fin je ne me perdais même plus entre les différents bâtiments).

C’est le « restaurant new forest », appelé plus communément « l’environnement » (car c’est le resto de l’antenne du ministère du même nom), où je mangeais presque une fois par jour, et où les serveurs ont été d’une égale inefficacité en trois mois et demi, ce qui me faisait beaucoup rire et beaucoup râler les Burkinabè. C’est donc riz sauce / riz gras / tô le soir, et parfois aussi haricot (et donc aussi mélange = riz gras – haricot) / haricot vert / ragoût (d’igname) / fonio / couscous arabe (et je crois que c’est tout en cette saison en tout cas).

C’est Yves qui m’offrait des poules, dont une encore aujourd’hui que j’ai donné à Anatole pour qu’elle fasse des poussins, pour le plus grand bonheur de mes amis végétariens et/ou soucieux de la vie des animaux comestibles.

C’est la cathédrale de béton, pas si moche en fait. J’aurais beaucoup aimé monter au haut de son clocher pour avoir une vue sur la ville. Une prochaine fois.

C’est les tas de petites mosquées traditionnelles en terre.

C’est Rachel, c’est Mariam, c’est Maïga, Cissé, Zacharia et Sylvain, c’est Marie, la femme d’Anatole, et leurs petites, Rosa et Laeti ; et des tas d’autres gens évidemment ; et des tas d’autres choses.

C’était la Tabaski, c’était Noel avec les filles.

C’est Louis.

C’est Anatole.

Et c’est presque tout ce blog.

 

Voila. C’était a l’occasion de mes dernières 48h a Nouna. M’étant rendu compte en parlant avec Kathrin qu’il me restait moins d’une semaine au Burkina. Et moins de 48h a Nouna. Ce qui veut dire aussi moins de 48h avant de déguster des pates a la carbonara et une mousse au chocolat (a Ouaga) et moins d une semaine avant de me goinfrer de fromage et de saucisson ! Préparez vos frigos, remplissez vos placard, je m apprête à tout dévaliser en toute légitimité !

A l’heure où je peux poster cet article, il me reste à peine plus de 12h. Nous sommes jeudi 12… ce qui veut dire qu’en toute logique, demain c’est vendredi 13. Jour de malheur parce que je quitte Nouna, mais de bonheur parce que je vais faire un trajet sans incident ? Ce qui n’est pas quelque chose de si évident avec LTI (Liza Transport International, s’il vous plait).

Ne pas lire ce message avec un ton nostalgique : je voulais seulement rappeler tous les bons (et moins bons !) souvenirs qui me lient à cette charmante petite ville.

Et puis de toute façon… I will be back !

Nouna, c’est surtout le marchand de yaourt peul (le marchand, pas le yaourt, même s’il vient des vaches des Peuls) qui m’en offrait systématiquement un avant chaque commande, discutait un quart d’heure de tout et de rien, et m’a finalement donne une photo.

… fin (provisoire) des photos du Mali

Voici encore quelques photos et commentaires. C’est fini normalement ! Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en aurait plus en stock, juste que je suis arrivé au bout du voyage…

… qui continue d’abord au pays dogon :

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Avec toujours les ruines des Telems perchées dans la falaise :

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Et les baobab, dont les fruits qui pendant d’appellent « pain de seinge » (je ne sais pas comment on l’écrit), et ça a un goût un peu acide, sucré et citroné. Mon guide appelait ça les « bonbons dogons ».

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La falaise et les champs dans la plaine :

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Encore un baobab, vous remarquerez que les troncs semblent « sculptés ». En fait c’est le cas : ils retirent l’écorce qu’ils utilisent comme matériau :

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Un des villages, où on n’a pas passé la nuit :

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Au premier plan, la case à palabre où les gens se  réunissent pour régler un problème dans le village (parfois c’est juste pour discuter, et il arrive qu’il y en ait plusieurs dans le village, mais en tout cas il y en a toujours une qu’on utilise en cas de problème). Derrière, la mosquée dépasse. Les dogons sont venus se réfugier ici pour fuir l’islamisation (ou plutôt l’ostracisation des animistes qui en découlait au XIIe siècle), mais aujourd’hui beaucoup sont devenus musulmans :

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Marche au crépuscule :

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Et me voici à Ouahigouya. Une petite fille qui, avec deux amies, voulaient juste discuter avec moi – c’est-à-dire sans demander « cadeau », « bonbon », « bidon » ou « 100 francs » … (on est donc bien au Burkina !) :

 

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A la gare routière, un « tag » qui m’a bien fait rire. Vous arrivez à lire et à voir le dessin ?

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Et voilà le retour pour Dédougou (puis Nouna). Le bus arrivait de Gourcy, à Ouahigouya. Comme à chaque étape, des gens viennent vendre des choses aux voyageurs du bus, souvent par la fenêtre car on n’a pas le temps de descendre. J’aime beaucoup l’ambiance de ces moments là, ça me fait penser aux anciens navigateurs qui partaient dans les pays tropicaux et qui approchant des côtes, se faisaient aborder par les pirogues des populations locales venues leur échanger des produits :

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Et le retour à la maison :

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Suite des photos du Mali…

La suite des photos (la suite et pas la fin, car le serveur est en maintenance…)

La vieille ville de Mopti et ses ruelles :

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Le chantier naval, avec ici la peinture des pirogues :

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Et une balade en pirogue, il fallait bien !

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Avec toujours la calme animation du port, en fin d’après-midi :

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Un peu plus loin, sur le Niger – Mopti étant essentiellement au bord du Bani, un affluent du fleuve Niger :

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Et le lendemain, les falaises de Bandiagara ! Ici, encore en haut de la falaise, dans un endroit formant un peu un cirque :

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Et là, la vue sur le bas de la falaise et la plaine qui s’étend :

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Les dogons font du maraîchage avec de petits barages qui retiennent l’eau. Cela fait de petits carrés verts au milieu de la pierre, c’est superbe :

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Et un autre coucher de soleil :

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La falaise à nouveau blanche le lendemain matin (en fait elle est blanche, jaune, rouge, noire, bref, superbe !) :

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Et nous voici en bas, dans la plaine :

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Voici les greniers nichés dans la falaise. Avant c’était les Telems qui habitaient ici, des pygmés. Mais ils sont partis et les Dogons ont utilisé leurs habitations et leurs greniers :

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Un enfant, dans un des campements :

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Un autre village avec tous les greniers alignés. Ce sont les greniers des hommes là, plus grands que ceux des femmes, car pour toute la famille (alors que ceux des femmes sont privés, seules elles peuvent y accéder) :

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Home sweet home (ou presque)

Me voici de retour au pays des hommes intègres.

N’en déplaise à Guillaume, je suis vraiment content d’être allé au pays dogon ! Les trois jours et trois nuits que j’y ai passées valaient vraiment le coup. Marche dans des paysages incroyables, visite de villages très jolis, nuit dans des « campements » : entre l’hôtel, la chambre d’hôte et le camping, des petites installations assez sommaires pour manger, prendre un verre et passer la nuit. Ce que j’ai essayé de faire sur le toit les deux derniers soirs, mais il y avait vraiment trop de vent, je suis allé me réfugier à l’intérieur !

Mon guide m’a très bien convenu. Pas qu’il ait été extraordinaire en soi, loin de là, mais il m’a concocté un parcours sur mesure, pas dans les villages les plus visités, pour me faire arriver à Bankass le dernier jour, d’où je pouvais rentrer facilement au Burkina. J’ai pu souvent être seul, et c’était parfois des gens des villages qui me les faisaient visiter eux-mêmes, ce qui m’a permis de discuter avec ceux-ci, de jouer au carte, de regarder les enfants « danser » (jouer, s’amuser, et en effet danser) sur la grande place, de boire du thé, etc. Et puis juste se balader dans et au pied de ces magnifiques falaises, et y dormir, c’était assez grandiose. Se promener dans les ruines des habitations troglodytes des Telems, des Pygmées qui vivaient ici avant l’arrivée des Dogons… etc.

Très touristique ? Oui, bien sûr. Dans le sens où il y a des campements dans les villages, où on y vend pas mal d’objets d’art, où les enfants demandent des cadeaux, des bonbons et des bidons (bouteilles vides d’eau minérale) à moitié en français. Mais à part ça je n’ai pas croisé des tas de Français (car la plupart des touristes sont Français, ce qui est un peu différent du Burkina où les « Blancs » viennent d’un peu partout et travaillent plus souvent pour le pays qu’ils ne le visitent en touristes). A part dans un ou deux des villages (sur peut-être 7 ou 8 traversés) qui étaient plus gros et un peu plus touristiques justement.

Le retour au Burkina s’est bien passé, mais a encore été un peu épique. De la gare des taxis brousse de Bankass, je prends une voiture jusqu’à Ouhigouya. Mais arrivés à Koro, les Maliens de la gare routière font descendre tout le monde, parce que notre chauffeur était un Burkinabè qui ramenait une voiture particulière, donc ce n’était pas à lui de transporter ces gens. Ils ont failli me faire descendre, mais j’ai du avoir un traitement de faveur de Blanc et suis resté – de toute façon je ne serais pas descendu ! Bref, ils ont taxé 10 000 francs (15€, à peu près ce qu’il avait fait payer aux 4 personnes descendues) et ont rallongé inutilement le trajet des passagers, qui ont du prendre un taxi brousse probablement en moins bon état que la 4×4 dans laquelle on était.

Mon chauffeur, un jeune petit Burkinabè qui ne faisait pas trop le poids face à ces vieux et gros Maliens qui dictaient la loi à Koro, a passé ensuite une demi-heure à pester contre les gens du Mali, et je me suis joint à lui. Ça me rappelait une phrase de Louis, qu’il avait dit très sérieusement à propos de ses 2 ans au Cameroun : « ça m’a fait me rendre compte qu’on avait certaines valeurs au Burkina ». Et s’il y a des Maliens adorables (j’en ai rencontrés, même dans les endroits touristiques où j’étais), c’est vrai que d’une manière générale, il y a eu des « embrouilles » presque tous les jours. C’est en partie parce que tourisme et pauvreté ne font pas bon ménage. Mais ce n’est pas juste ça, comme le montre l’exemple de mon chauffeur Burkinabè.

D’ailleurs il y a plein de douanes intérieures au Mali, de contrôles (et de racket, auquel j’ai pu éviter probablement parce que je suis Français et que mes papiers étaient (presque) en règle). Au Burkina, rien de tout ça.

Bref, c’est avec un très grand plaisir que je suis arrivé à Ouhigouya comme prévu mercredi soir. C’est la troisième ville du pays – et c’est difficile à croire. En tout cas, j’ai beaucoup apprécié la ville et l’ai trouvée très agréable : assez grande pour proposer des « services » qu’on ne trouve pas à Nouna, Dori ou Dédougou (une piscine où j’ai encore retrouvé mon âme de touriste ordinaire, un cinéma qui fonctionne et où j’ai pu savourer un film Bollywoodien très drôle et un public Burkinabè très enthousiaste). Pour autant, on y retrouve l’ambiance détendue des petites villes – pas celle de Ouaga où les vendeurs sont un peu collants. J’ai pu me faire indiquer la route et plein d’autres services très gentiment et sans qu’on me demande de l’argent pour rien. Les seuls gens un peu désagréables / pénibles que j’ai rencontrés étaient… des Maliens ! Mais non, je n’ai rien contre ce peuple en général, évidemment. C’est juste que l’attitude de certains d’entre eux confirme mon coup de cœur pour le Burkina, certes beaucoup moins joli, que ça soit les villes ou les paysages (à part peut-être le sud où je ne suis pas allé), mais où l’atmosphère est tellement plus agréable, et la plupart des gens tellement gentils… et finalement c’est le principal. Cinq mois au Burkina et une semaine au Mali c’est le parfait dosage !

Le trajet d’hier (jeudi) pour retourner à Nouna était encore un peu drôle. Le bus qui devait m’emmener à Dédougou était en très mauvais état, la piste aussi. Il était surtout en retard, ce qui fait que j’ai failli louper ma « correspondance » à Dédougou – j’avais quand même dormi à Ouhigouya justement pour ne pas avoir à passer la nuit à Dédougou ! Arrivé à la gare routière, un jeune me dit que le bus pour Nouna (le dernier) vient de partir il y a seulement trois minutes. Mais, super réactif, il me dit que ce n’est pas grave, on va le rattraper en moto ! La course sera de 1000 francs (1,5€)… On part en vitesse et… on attrape justement le bus pile avant qu’il sorte de la station essence ! Je peux prendre place et continuer à Nouna, dans un mini-bus bondé, assez sur un siège dans l’allée du milieu avec mes bagages sur les genoux. Le chauffeur ne s’embarrassait pas avec la pédale du frein, et, comme les chèvres sont particulièrement bêtes et décident de traverser en courant juste quand un véhicule passe (ce qui n’est pas si fréquent), nous en avons percuté – sans freiner, donc. La fille derrière le conducteur semblait aussi choquée / inquiète / hallucinée / légèrement amusée malgré tout que moi. Juste avant, on avait croisé un taxi-brousse ou petit camion renversé sur le bas-côté. Mes les gens étaient assis dessus, souriant, et nous ont fait coucou quand on est passé à côté !

J’ai donc pu retrouver ma petite ville et mon travail jeudi soir comme prévu. Pour une petite semaine encore seulement…

Voici quelques photos. Dur de sélectionner parmi toutes celles que j’ai ! J’essaye de poster celles qui sont un peu représentatives de ce que j’ai pu voir et faire.

 Mon bâché à Djibasso, partant au Mali :

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La fameuse mosquée de Djenné en terre :

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Devant Djenné :

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 Les rues de la ville : 

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Encore des barques (si vous saviez combien j’en ai prises, à Djenné et Mopti… mais elles sont fascinantes) :

p1030865 Les vieux bâtiments de Djenné :

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Le genre de noms que prennent les taxi-brousses :

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Toujours Djenné et ses magnifiques bâtiments :

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Et ses moins magnifiques maisons, mais qui donnent aussi une ambiance de Médina, très charmante, à l’ensemble de la cité :

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Les joueurs de foot se préparant – malgré le tourisme (c’est-à-dire les trois groupes de Blancs que j’ai croisés, très réduits, sauf un), on n’a absolument pas l’impression de ville musée. L’essentiel de l’activité et de l’économie sont bien ailleurs :

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Derrière la ville, qui utilise les ordures comme digue /comme polder pour s’étendre. Oui, ça se voit assez bien, et aussi à Mopti, Anne ! Il y a même des pancartes pour dire aux gens de ne pas le jeter n’importe où, je la posterai plus tard si j’y pense. Et je crois que ça pose de sérieux problèmes d’insalubrité, à Djenné en tout cas.

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La grande animation du port de Mopti maintenant : 

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La grande mosquée de Mopti, aussi en terre, récemment rénovée… un peu moins belle que celle de Djenné, même si la photo est plus jolie. 

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Je pense que ça sera tout pour ce soir, mais je continue d’uploader les photos petit à petit !

Mopti

… où je ne resterai pas longtemps, et d’où je n’écrirai pas longtemps non plus. Car le clavier est très mauvais et car je pars demain pour le fameux pays dogon !

La ville valait aussi vraiment le détour, bien que très différente de Djenné. C’est un grand port sur le Bani, presque au confluent du fleuve Niger. Une vraie ville d’eau avec beaucoup d’animation ! J’ai fait un tour en pirogue d’ailleurs… Flanné dans le marché et dans les ruelles de la vieille ville aussi.

J’ai aussi rencontré un Canadien qui fait un tour de plusieurs mois en Afrique de l’Ouest, et une Japonaise qui fait la même chose… mais à vélo !

Nous sommes dans le même hotel (et même dortoir avec le Canadien). Et si j’avais décrit l’autre, à Djenné, comme « charmantissime » ou « le paradis », c’est parce que j’étais épuisé et tout, et n’avais pas vu celui-ci !

J’ai même profité de sa petite piscine et tout. Parce qu’on a beau se targuer d’être un routard et tout, on reste au fond de soi un touriste de base et lorqu’on tombe sur une piscine dans un jardin ombragé d’arbres et de bananiers, on part immédiatement à la recherche d’un maillot de bain !

A dans quatre jour, après ma randonnée chez les Dogons !

Djenné

Je n’ai pas beaucoup de temps pour développer mes aventures, car j’écris d’un cybercafé hors de prix qui va bientôt fermer. Mais si j’attends d’avoir le temps j’aurai bien trop à raconter ! 😉

Je savais qu’il allait être difficile d’arriver à Djenné en un jour. J’ai néanmoins réussi à gagner la ville hier soir comme prévu, après un périple un peu… tendu ! Mais c’était prévisible, étant parti en routard avec un sac sur le dos, sans aucune réservation, et empruntant la route la plus courte mais sur laquelle n’opère aucune compagnie de transport.

L’histoire avait bien commencé : réveil à l’aube, départ au lever de soleil, arrivée à la gare à 7h15 pour prendre le bus de 8h… malheureusement ce dernier était parti à 7h ! J’ai donc gagné Djibasso dans une espèce de camionnette où on était entassés à 15 (plus 2 sur le toit), et surtout qui calait / tombait en panne à chaque montée.

Arrivé à Djibasso, ce fut une longue, très longue attente. On devait partir (en bâché, un camion avec des bancs quoi) à 13 ou 14h. Nous avons quitté la ville à 16h. Après trois ou quatre contrôles d’identité à la frontière (dont un qui semblait tourner à la « taxe » tout à fait illégale), me voici enfin au Mali ! Magnifique coucher du soleil, arrêt pour manger dans une petite ville sur la route. Puis on me dépose comme prévu au « carrefour de Djenné », car la ville n’est pas sur la route principale qui va vers Mopti, et ce sont des bus ou taxis qui font la liaison entre le carrefour et Djenné (sur les 30 derniers km en fait). Malheureusement, il était 21h passé, j’étais donc tout à fait seul au carrefour. Et on exigeait donc 25 000 francs (35-40€) pour m’emmener à Djenné. Et là je flippe un peu, parce qu’il n’y a vraiment rien au carrefour, qu’il était très tard, que j’étais complétement dépendant de ces types, et qu’en quelques heures, j’avais pu me rendre compte que le Mali n’est pas le Burkina (où les gens sont généralement adorables et dignes de confiance). Et à un moment de la conversation, ces gens ont prononcé la phrase fatidique que j’avais en tête depuis un moment : « il n’y a rien ici, tu vas faire quoi ? ».

Bref, j’arrive finalement à négocier un transport en moto pour 7500 francs (11€). Le gars qui m’emmène semble avoir du mal à conduire la moto en question (une bonne moto néanmoins, heureusement). Il fait froid, j’ai mal partout de la journée de transport, et, il faut l’avouer, un peu peur que le type ne respecte pas le contrat et m’abandonne je ne sais où, alors que j’avai obtenu qu’on m’ammène à l’hotel. Par exemple il faut prendre un bac pour gagner Djenné, car la ville est entourrée d’eau. Mais en même temps, je roulais sous un ciel étoilé magnifique, le conducteur était un jeune très sympa, et j’allais arriver à Djenné comme prévu.

Arrivé au « bac », il s’avère comme je m’en doutais que le bac ne fonctionnait plus (il était 22h), mais il y avait des pirogues. On ne pouvait pas mettre la moto dessus… Donc une fois encore, j’étais là, sur une pirogue, avec juste le bruit de la perche qui la poussait et le ciel sublime, me rendant à Djenné… et me demandant si on allait m’abandonner de l’autre côté du fleuve, ou bien respecter le contrat et m’emmener à la ville ! Il s’est avéré que ce fut bien la seconde possibilité qui est arrivée : de l’autre côté une autre moto m’a emmené à l’hotel, sans que j’aie à payer quelque chose de plus. Et la dernière difficulté fut passée sans problème : l’hotel était encore ouvert et avec de la place !

En fait, je suis passé de l’angoisse au paradis : chambre en dortoir de 4 personne, pas chère du tout… et dortoir vide ! Dans un hotel charmantissime, avec terrasse donnant sur la ville. Et surtout un lit où j’ai pu m’écrouler…

Aujourd’hui, j’ai pu découvrir cette petite ville magique. Elle m’a beaucoup fait penser à Jérusalem où je suis allé il y a deux ans, mais avec en plus le côté « ville – île entourrée d’eau ». Des petites ruelles dans le genre ville arabe, une mosquée sublime en terre, une ambiance « sacrée » – c’est une ville très importante pour les Musulmans au Mali. J’ai pu la visiter seul puis avec un guide – qui m’a d’ailleurs invité à manger et à prendre le thé ce soir. Elle est chargée d’histoire, mais aussi juste très belle. Je voulais vraiment y aller malgré les difficultés, et j’avais raison, cela valait vraiment le coup. Mais comme elle est quand même très petite, que j’en ai bien profité aujourd’hui et que j’ai beaucoup de choses à voir au Mali (et que les transports prennent du temps !) je la quitte demain pour Mopti, qui est elle aussi une ville de pêcheurs.

Je ne peux pas encore uploader mes photos, mais j’en ai pris des centaines ! 😉

Juste à temps

J’ai reçu ma batterie d’appareil photo juste à temps. C’est-à-dire aujourd’hui, juste avant de partir une semaine au Mali ! Où il aurait été très frustrant de ne pas pouvoir photographier…

Cette histoire débile aura un peu rendu fou tous les acteurs impliqués. Outre moi-même, pas moins de huit personnes : mon père, Yasmina, Florence ma chef de l’IRD, Laure une autre chercheuse de l’IRD, Sydney, Thierno, Seth et Alix ; peut-être d’autres encore ! (Kathrin, ma mère, etc.)

Mais tout est bien qui finit bien ! Merci papa pour cette persévérance… (et merci à tous les autres au passage).

Voilà, j’essayerai de trouver des cybercafés sur la route pour vous tenir au courant. Au programme, Djenné, Mopti et le pays dogon. Mais ça fait beaucoup en une semaine, et il peut y avoir des tas d’imprévus, d’autant que les transports, ce n’est pas ça ! Bus, minis-bus, « bâchés » (espère de camions… sans bâche le plus souvent), taxi-brousses… Un vrai plan routard ! J’espère surtout que je serai en forme – la santé n’ayant pas été au top ces derniers jours. Mais je suis sûr qu’avec l’excitation du voyage, je vais oublier tout ça bien vite !